Histoire vécue: Encore une nuit d’averses 14 Septembre 2020
Encore une nuit d’averses
Une fois de plus, y’en rouche
Je sors du salon de beauté sous la pluie
Vue la distance de l’établissement à la rue principale,
Je comprends que je vais me faire saucer sous ces cordes liquides descendues du ciel
Alors que je sciencais sur comment me mettre à l’abri, un taxi vide s’arrêta et je le pris en dépôt.
Nous roulâmes sur quelques km, passant par le marché central. Quelque part vers la poste centrale, le moteur de la voiture s’arrêta. Il essayait de redémarrer mais aucun résultat…
Alors qu’il descendit pour voir ce qui n’allait pas, je décide de sortir de la voiture pour repérer un autre taxi, et en un temps deux mouvements une bande de jeunes armés m’assaillît.
Ils avaient des couteaux et des lames, me demandèrent de donner tout ce que j’avais,
sous le regard du chauffeur.
Je ne sais si je devrais qualifier ce regard de coupable ou d’impuissant, je préfère éviter de faire des suppositions comme le recommande Don Miguel Ruiz dans « les quatre accords toltèques ».
Je préfère éviter de penser que cette panne aurait été simulée
Que le chauffeur serait de mèche
Qu’il formerait avec ces jeunes une bande de malfrats
Et qu’il est chargé dans l’équipe de conduire les victimes à l’abattoir…
Je préfère ne faire aucune supposition et prier juste qu’il n’y ait au final plus de peur que de mal.
Après m’avoir dépouillée de tout (argent bijou portable), l’un d’eux lança « elle est juteuse hein… » et les autres se mirent à rire, sauf un. Il était apparemment le chef de gang.
Quand le pervers dévoilé s’avança, il posa main autour de mon coup, et descendait progressivement vers ma poitrine, toujours sous le regard silencieux du chauffeur.
Le plus calme du groupe s’écria : « Laissez la tranquille ! »
Stupéfait, tout le monde était tourné vers lui. Il rajouta « rendez-lui ses affaires et laissez la partir ». Vu que les exécutants traînaient le pas, il vint lui-même prendre entre leurs mains mes effets, me les rendit et intima l’ordre au taximan de poursuivre son chemin.
Bizarrement, son moteur était guéri et il me conduisit jusqu’à un point quelconque où je pris congé de lui.
Dans les différents taxis, je cherchais en mémoire le visage du jeune homme qui prit ma défense. Il m’était très familier. Mais où l’avais-je croisé ? Dans quelles circonstances nous sommes-nous vus ?… ?
Arrivés au rond-point Deido, je vis un kiosque de fruits frais couverts d’un grand plastique transparent… Et mes souvenirs se mirent en place progressivement tel une pièce de puzzle bien montée.
En effet il y’a 2 ans, quand j’étais dans mes débuts commerciaux, je suis allée livrer 1l d’ huile de coco dans une entreprise à Akwa. Il faisait une chaleur de purgatoire ce jour, et j’ai dû m’abriter sous le parasol d’un jeune commerçant de fruits frais en attendant ma cliente.
Nous sommes de la même génération et donc le courant est vite passé. Ce jour avec son collègue, ils débattaient sur un sujet d’actualité, et j’ai posé mon mot, et sur le moment nous sommes devenus des potes lol.
La conversation allait tambour battant, il est doté d’une grande intelligence, et j’en ai beaucoup appris.
Avec l’attente de ma cliente qui se faisait longue, nous naviguions sur plusieurs sujets… et il me demandera des astuces pour accroître ses ventes. Novice dans l’entrepreneuriat, je ne me sentais pas habilité à lui prodiguer d’excellents conseils (le bon guide est celui qui a fait le chemin).
Néanmoins, je lui ai parlé de certains aspects du management de la qualité et de la sécurité des aliments. Pour une personne qui commercialise des vivres frais , il avait une apparence et un environnent plutôt négligés.
La santé est dans le plat il faut donc :
Garder toujours propre son espace de travail, car tout aliment contient les micro-organismes de son environnent
Obligatoirement se laver les mains avant de servir un client, avec de l’eau propre et du savon, sans oublier le nettoyage de la partie des mains située entre les doigts et sous les ongles
Les vêtements doivent être remplacés régulièrement et bien lavés pour éliminer les germes et les bactéries…
Je n’avais pas fini de parler quand un vendeur ambulant de vêtements passa devant moi et je ne puis m’empêcher de le stopper. Je leur pris pour chacun deux chemisettes et une culotte camouflée. Ca se voyait que leurs vêtements étaient déjà usés du fait du port à répétition.
Ils prirent avec joie, me promettant de mettre en application mes conseils… ma cliente fit enfin son apparition et nous nous séparâmes dans la paix et la bonne humeur.
Aujourd’hui j’ai revu ce jeune qui semblait pourtant vouloir se battre, sombrer dans l’incivisme.
Il n’a pas eu la force de tenir bon face aux difficultés de la vie, il a choisi la facilité
Certes la société n’est pas tendre,
Mais il a baissé les bras trop tôt et a choisi le gain facile
Et puis, que sais-je de sa vie ? De son quotidien ?
De son passé, de sa traversée ?
De ses turpitudes de ses joies ?
Et si la faute revenait à la société toute entière de l’avoir rejeté ?
Sa famille son voisinage même ses potentiels clients ?
La population qui n’attend que de le coincer pour le punir
L’État qui ferme ses écoles aux plus démunis (et pourtant celui qui ouvre une porte d’école ferme une prison)
Et si la faute lui revenait en fait d’avoir choisi cette voie ? On a toujours le choix, la vie est un choix.
Et moi qui me suis promise de ne pas faire de supposition, excusez-moi je ne faisais que me poser des questions.
Néanmoins, ce soir m’a donné une énième leçon de vie : NE JAMAIS SE LASSER DE FAIRE DU BIEN.
Faites du bien autour de vous, aux connaissances, mais aussi aux inconnus car, on ne sait jamais de quel côté surgira le bouclier.
Faites du bien sans en attendre en retour parce qu’un bienfait n’est jamais perdu. Il vous retourne toujours quand vous vous y attendez le moins.
Faites du bien chaque fois que la vie vous en donne l’occasion parce que, vous ne savez pas qui vous relèvera quand la vie vous mettra à genoux.
Binku la Nerveuse ( si on m’avait dit que ce geste que je qualifiais d’anodin d’il y’a 2ans m’aurait sauvé un jour, je n’aurais jamais cru. J’ai eu chaud ce soir…)
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