Histoire vécue: 29 Août 2020
Ce visage fait de retailles de grimaces
Cet œil qui se croise de l’autre
Ces oreilles en porte de grange
Des rides comme des coups de couteau sur la nuque…
Je l’ai revu 24 ans plus tard.
Ce soir, j’ai croisé mon pire cauchemar.
Mama avait l’habitude de nous confier à celui que nous appelions affectueusement Tonton. Lorsqu’elle allait à la prière ou à la réunion elle faisait appel à tonton pour veiller sur nous.
Il était âgé de 24ans à l’époque, et nous inspirait respect et confiance.
On lui obéissait à la lettre, c’était la consigne de papa à son égard.
Cet après-midi du premier mois de l’an 1996, tonton entrepris une action qui laissera en moi des séquelles à vie !
Alors que mama était aux répétitions de la chorale en paroisse, et papa au boulot, tonton comme d’habitude nous encadrait à la maison.
Quelques minutes après son arrivée, Tonton enverra mes frères acheter les bonbons et biscuits. Il prit soin de préciser la boutique à laquelle ils devaient s’en procurer. Cette boutique était loin vers le marché.
Mes frères obéiront sans poser de question. D’ailleurs, quelle question pouvaient-ils se poser ? Ils n’avaient que 6 et 2ans.
Moi je suis restée à la maison, fabriquant mes poupées en papier devant la machine à coudre de mama. Puis, je vis dressée devant moi une grande silhouette dont l’ombre se reflétait tout juste derrière moi.
Quand je levai les yeux, c’était Tonton , la main dans son pantalon.
-Ma Blanche tu fais quoi ?
-Je fabrique mes bébés en papiers
-Ha ! Je peux venir jouer avec toi ?
-Tu sais jouer à papa et mama
-Mama a dit que si elle m’attrape en train de jouer ça elle va me fouetter
Il alla fermer la porte centrale et revient me dire :
-Tu vois ? Personne ne va nous attraper.
Puis, il baissa son pantalon. La tenant entre les mains, il s’ approcha de moi en disant :
-Tu sais comment on appelle ça ?
Terrifiée, je n’osais répondre
Il s’approcha de plus prêt vers ma bouche, la faisant aller et venir dans sa paume de main, il me dit :
– Ça c’est le vrai bonbon. Tu veux goûter ? Viens goûter…
J’étais horrifiée. Je n’avais jamais vu une pareille chose des mes yeux d’innocente. Je ne trouve pas de mots pour décrire mon état à cet instant là.
Il s’approchait et du haut de ses 1m70, il la cogna contre mon front toujours en disant : « goûte alors le bonbon ci »
Puis, il descendit progressivement sur mon nez et ensuite sur ma bouche.
J’étais simplement scandalisée
Il força ma bouche à s’ouvrir,
Il y allait d’abord doucement comme s’il me flattait en donnant à mes lèvres de petits coups, qui pourtant me déchiraient le cœur
Plus il insistait, plus je sentais une masse lourde sur ma bouche. Cette bouche innocente qui n’était même pas capable d’identifier cette partie du corps
Cette bouche d’enfant qui ne me servait qu’à manger, à chanter, à pleurer.
Fatigué de mon stoïcisme, il me teint par les cheveux, me mit debout et força ma bouche à s’ouvrir . Et alors, il traversa la première barrière, mes lèvres.
Mes dents restaient serrées
Il commençait à me cogner de son majeur sur front puis à me gifler. Mais je restais sans parler. Puis j’ouvris la bouche et la referma aussitôt de toutes mes forces.
Je la lui ai presque décollée. Et lui hurlait comme une truie à l’ abattoir. En me frappant au visage de toutes ses forces. Dans son agitation, il portera un grand coup à mon oreille droite, rendant ainsi mon tympan fragile à vie. Chaque année depuis ce jour, je développe une otite.
Ensuite mes lunettes il les brisa. Elles étaient mes premières lunettes, les premiers de ma vie, il les brisa.
Succombant aux coups, il me porta et jeta sur le canapé. Moi affaiblie, je ne pouvais même pas bouger le petit orteil. J’étais couchée là comme un cadavre. Le sang me sortait des oreilles du nez et de la bouche. Je le regardais se réactiver, se préparant à m’achever…
Alors qu’il s’etala sur moi et était près du but, ma mère mon ange gardien, sortie de nulle part, fit son entrée par la porte de derrière que tonton avait oublié de fermer. Elle était rentrée plus tôt que prévu car elle a eu un malaise à la paroisse.
Elle surprit l’homme à qui elle confiait ses enfants en train d’abuser de sa fille, sa fille unique
Il était couché sur moi, profitant de ma fragilité
La main gauche sur ma bouche, pour m’empêcher de crier,
70kg de masse sur 15kg, j’étais asphyxiée, et ma mère écroulée.
Ce malaise qu’elle a eu à l’église était en effet le poids de mes larmes endocriniennes du moment. Mon silence ici lui criait dans les oreilles là-bas.
Les coups de point de tonton sur mon visage ici, elle les ressentait sur elle de partout là-bas.
Oui!! l’amour d’une mère est le meilleur bouclier de son enfant .
À la vue de ma mère, il se releva d’aussitôt, et je sentie enfin le droit de fermer l’œil et de me reposer de toutes ces émotions… Mon ange gardien combattra pour moi.
Je me réveillai dans un lit d’hôpital, la main droite entre celles de ma mère, et mon père à ma gauche discutait avec les médecins.
Les examens ont révélé que mon hymen ne fût pas heurté, mais des bleus sur tout le visage et en héritage, des troubles psychiques que mes parents ont su reguler.
Je l’ai revu ce soir et ma mémoire m’a replongée dans ces moments atroces, et je n’avais qu’une seule envie le tuer. Mais j’ai gardé mon sang froid et j’ai préféré passer la tête haute, mimique sereine, surtout quand j’ai pensé à ses souffrances.
Il a trois filles aujourd’hui et toutes ont été victimes de viol à répétition tantôt par un oncle, tantôt un voisin… Bref depuis qu’il a fondé une famille, il ne se passe pas un an sans qu’on entende de pareilles histoires de sa concession. L’an dernier, il fut victime d’un lourd cambriolage durant lequel sa première fille de 14ans fût violer sous ses yeux.
Il se raconte que pendant la réunion familiale qui a succédé à mon viol, ma mère lui a dit ces paroles en larmes et dans la colère : « Toutes tes filles seront violées et parfois sous tes yeux ».
Nous lui avons déjà pardonné, mais je crains pour lui que le pouvoir créateur de la parole d’une mère blessée et meurtrie ne puisse être balayé par le temps.
À tous ceux qui trouvent satisfaction dans de telles besognes, rappelez-vous qu’ici ou ailleurs, directement ou indirectement, vous allez devoir récolter tout le mal semé en vos victimes.
À vous chers parents, ne buvez le kadji de personne sur la bonne moralité envers vos enfants, certains agresseurs se cachent parmi notre entourage, nos amis, notre famille.
Même si tel ami, frère ou parent semble vouloir du bien de votre progéniture à travers des actes, prenez avec des pincettes. Le geste n’exprime pas toujours l’intention.
Binkù la Nerveuse ( restons vigilants, le diable s’habille en Prada)
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