
Histoire vécue 4 Mars 2021, Jai fait un tour dans cet hôtel là
CE MATIN…
Jai fait un tour dans cet hôtel là, et ces souvenirs m’ont envahie. Quand j’y pense aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix!
» Il y’a de cela une semaine qu’un potentiel client est entré en contact avec moi, un client atypique dirais-je, que j’aurais pu qualifier à ce jour de plus gros client… vous me direz que je n’aurais pas dû en parler mais, consciente que ses semblables et lui me lisent, et le plus important, que nombre de mes followers sont mes cadettes, je me dois de partager avec vous ces péripéties qui m’ont donné une fois de plus des leçons de vie.
Dimanche dernier je reçois un coup de fil qui me procure une joie imperturbable au courant de la semaine . Un homme au bout du fil, très pausé, très cultivé, d’une voix mature à la fois suave et rock… Bref, un monsieur charmant qui souhaitait passer une belle grosse commande de mes produits pour les revendre dans son pays d’accueil . Il serait un homme d’affaires camerounais vivant dans un pays d’Europe et ayant des magasins là-bas…
Il souhaite être revendeur en Europe.
Nous avons échangé pendant environ 30 minutes. J’ai Google son nom et j’ai eu effectivement la confirmation de la véracité de ses propos. Il manquait juste une pièce au puzzle : le visage. Ce détail semblait peu urgent, et je savais que j’allais confronter le visage de mon interlocuteur à celui de Google au jour de notre rencontre donc, j’ai d’abord fait fie de ce détail.
Il m’a passé une commande s’élevant à plusieurs centaines de milliers de francs et semblait vraiment très intéressé par mes produits. De l’huile de coco au Boobstilicious, en passant par le Dagolocious et Erectolicious, il a même commandé des produits que je n’ai pas encore officiellement mis sur le marché pour production limitée, des produits tels que l’huile de citronnelle et l’huile d’avocat.
Pour confirmer sa commande, il m’a fait en guise d’avance le dépôt du ¼ du prix que nous avions convenu majoré de 50.000 pour, a-t-il dit, encourager la main d’œuvre . J’avais donc une semaine pour satisfaire à sa demande. Il séjournait dans la ville de Yaoundé et arrivera à Douala dimanche soir pour retourner le lendemain et prendre son vol en direction de mbeng. Le rendez-vous était fixé pour ce matin à son hôtel…
Le matin de bonheur je me rends donc à son hôtel (l’un des plus prestigieux de la ville), avec ma marchandise, vêtue d’un vêtement sobre et ample, pour vraiment éloigner tout élément perturbateur du moment. J’allais peut-être gagner un grand partenaire d’affaires, il ne fallait surtout pas lui mettre d’autres idées en tête.
Arrivée à l’hôtel , grande est ma surprise de recevoir un accueil très particulier de la part du costumer service. Paroles chaleureuse, installation dans un coin privilégié, sourire éclatant et jusqu’aux oreilles… bref, c’est comme si on m’attendait.
– Mme on vous sert quelque chose à boire ou à manger ?
– Non merci.
– Vous ne voulez vraiment rien ? Même pas un verre d’eau ? Un café ?…
– Non madame, ne vous en faites pas…
À ce moment j’ai eu l’impression que ce n’est plus moi qui répondais. Parce qu’en réalité j’avais vraiment soif et un creux dans le ventre. En sortant de la maison je n’ai pas tchop mes BHB quotidiens et même dans le taxi, j’ai regretté de n’avoir pas pris une bouteille d’eau . Mais quand on me l’a proposée, j’ai quand-même réussi l’exploit de refuser… Et la jeune employée a insisté pendant environ une minute et je suis restée sur ma position.
J’essaie par la suite de contacter mon client, il ne décroche pas. Je demande à lui signaler ma présence et pendant que la standardiste rappelle dans sa chambre, un autre employer vient me proposer quelque chose à boire ou à manger, et je trouve ça de plus en plus agaçant… Poliment, je demeure sur ma position : « non merci je ne prendrai rien pour le moment ».
Deux minutes plus tard, mon téléphone sonne, c’est mon client prestigieux.
– Allô Monsieur, je suis au hall de l’hôtel depuis une dizaine de minutes…
– Allô oui, on vient de m’en informer. Pouvez vous monter à ma suite svp ? Un employé de l’hôtel vous y conduira
– euh… excusez-moi ?
– Actuellement je suis très occupé et je ne peux pas descendre maintenant. Pouvez-vous me rejoindre ? Comme ça nous pourrons échanger tranquillement sur les termes de notre futur partenariat…
– Excusez moi Monsieur mais je trouve un peu trop particulier le fait de partager votre espace personnel pour un premier rendez-vous d’affaires . Il serait en mon sens plus révérencieux et professionnel, que nous nous retrouvions dans un environnement neutre comme ici au hall…
Il semblait de plus en plus embrassé et, moi qui ne vois d’habitude pas net à une certaine distance, j’ai pu observer l’habitude des employés de l’hôtel avec qui j’ai dialogué il y’a quelques minutes. Regard semi tourné vers moi, ils m’observaient en feignant de faire autre chose tout en se parlant du regard entre eux.
– Ecoutez mademoiselle nous échangeons depuis une semaine, vous avez mon identité , je vous ai donné une avance, et en plus je suis un sympathisant du MRC, que craignez-vous ?
Montez me remettre la marchandise, vous récupérez votre argent simplement…
– Désolée Monsieur, cette procédure ne me convient pas…
Silence et ensuite il raccrocha.
Je suis restée sereine, j’ai gardé mon calme les yeux rivés vers l’accueil . La standardiste était au téléphone et semblait un peu perturbée. Les deux autres étaient autour d’elle certainement pour suivre les instructions.
Toujours dans mon siège je prends mon téléphone et j’appelle mon petit frère de venir me chercher parce que je ne me sentais plus très en sécurité mais son téléphone était éteint.
Alors que j’essayais de lancer un autre numéro, une femme un peu plus âgée que les autres vient vers moi et s’assoit à ma droite.
– Bonjour ma fille
– Bonjour madame
– Tu es bien installée ? Tu n’as besoin de rien ?
– Non merci madame. Tout va bien
– Je ne vais pas tirer de long en large, tu es déjà grande et mature donc, pas besoin de te faire un dessin. Ton client là pourra changer ta vie.
– Non madame, ce n’est pas lui qui changera ma vie, c’est à moi et à moi seule que revient cette mission. C’est mon activité qui changera ma vie, et parmi mes tâches, ne figurent pas les livraisons dans les chambres d’hôtel.
– Tu ne sais pas ce que tu rates. Tu sais même qui t’attend là haut ?
– Donneriez vous le même conseil à votre fille ?
– euh… là n’est pas le problème. C’est de toi qu’il s’agit ici. En plus il n’est pas vieux. Les filles de ton âge n’ont pas de mal avec des hommes de son gabarit
Posant sa main sur mon épaule et esquissant un sourire au coin
– Ma fille tu ne sais pas ce que tu rates je t’assure. Tu ne veux pas aussi faire des voyages dans le monde ? Une voiture une villa ? Tu veux rester pauvre ? Écoute…
Lui coupant la parole parce qu’elle commençait déjà à m’agacer
– Vous avez certainement une maison close. Faites donc appel à l’une de vos employées, il pourra changer sa vie et par ricochet la votre. Quant à moi, je vous ai comprise. Mais je ne suis pas intéressée.
À ces mots, mon téléphone retentit de nouveau, c’est mon client :
– Oui Monsieur ?
– Comme ça tu ne veux pas de ton argent ? Je peux faire une rallonge à ton gré. Donne-moi un chiffre…
– La somme qu’on a convenue me suffit monsieur
– Alors quel est ton réel problème ?
– J’aime mieux compter l’argent sur une table et non dans un lit.
– C’est ton dernier mot ?
– C’est mon dernier mot
– Bonne chance dans cette rectitude morale.
Fin de l’échange.
Sans demander la permission, je me suis levée avec sourire , j’ai porté ma marchandise et, direction la porte de sortie.
Mon grand-père me disait toujours : « ndap i ban terana Money iyé ndjihbè » (la chambre où on garde l’argent est obscure ). En d’autres termes, les sacrifices que la plus part des humains font pour obtenir de l’argent ne peuvent être dévoilés. Mais si certains réussissent dans la vie en faisant des sacrifices qu’ils ne peuvent aisément brandir, j’ai la certitude que bien d’autres y parviennent par des sacrifices sous la lumière. Et j’aimerais faire partie de la deuxième catégorie.
Parce que les charges de la vie aiguisent les pensées de la femme comme la lime sur la machette, beaucoup auraient cédé à cet homme, je ne les juge pas, chacun sent sur son corps.
Nous sommes tous des amoureux et amoureuses fudiciaires, mais par souci de transcendance et de pérennisation, j’ai intégré que user de mon physique ne rend pas immortel.
Je sais aussi que lorsqu’on emprunte ce chemin, il devenir difficile d’en sortir sans y laisser des plumes. Parfois on ne sort même pas de là, parce que ce style de vie permet de maintenir aux yeux des autres un standard élevé sans en être heureux.
Courage à celles qui, malgré les difficultés de la vie, ne se laissent pas humilier en priver pour faire bonne figure en publique. C’est dur mais, vaut mieux se battre dignement et avoir le nécessaire, que de vivre au diapason de ses bourreaux pour nager dans un luxe qui perd de sa saveur au fil du temps.
Hun, je n’ai cessé de me demander ce qu’aurait contenu le café que j’aurais sollicité ? Parfois, il est important de dire non aux cadeaux et gâteries… pour ne pas se retrouver dans le village de si je savais.
…
Binkù la nerveuse ( les aléas d’être une femme) «