
J’ai échappé au CANCER DE LA PEAU
Plus douloureux qu’une épée plantée dans la chair, le soleil, mon pire ennemi.
Sa force réside dans son silence. Il agit dans le temps, il ne se précipite pas.
C’est quand vous ne l’attendez pas qu’il vous rappelle votre rencontre dans un passé proche ou lointain.
Mon exposition au soleil à un moment difficile de la vie m’a fait vivre l’enfer sur terre. Enfer dont je ne suis pas complétement affranchie. Je le sens, je le sais, il ressurgira dans 20-30-40ans… Mais en attendant, je vis sans trop y penser, en aidant mes semblables quand je trouve des forces.
Tout commence en septembre 2015, quand j’eu accès à un entretien d’embauche. Je venais fraîchement d’obtenir ma licence en QHSA (qualité hygiène sécurité des aliments) à l’IUT de Douala. Cette année fut couronnée par une mention TB avec félicitations des membres du jury. J’avais été recommandée par un aîné, je devais jouer ma partition.
Le jour de l’entretien. J’ai sorti ma dernière valise. Un vêtement des plus sobres qui avait coûté une petite fortune à mes parents. Ce vêtement laissant transparaître au minimum mes atouts physiques, je ne voulais donner aucune raison de me recruter pour autre chose que mes compétences. C’était une jeune entreprise agroalimentaire qui souhaitait renforcer son équipe de contrôle qualité. Ce jour nous étions 10 à l’entretien, j’étais la seule albinos.
Quand vint mon tour, à mon entrée dans la pièce d’audition, l’un des recruteurs ( le plus âgé) s’exclama à voix basse ( le volume était assez haut pour que je perçoive) : « Quelle beauté ! ». Ce compliment devrait passer anodin mais, je ne l’ai pas perçu ainsi. Je pense que quand on se veut être recruteur sérieux, ce genre de compliment ne doit être émis, si oui à la fin ou pendant l’entretien, dans la subtilité d’une question importante. Et non d’entrée de jeu…
Tout s’est bien passé. Le seul petit problème qui devait se solder par une formation, c’est mon anglais. Je mettais même le Bassa’a dedans 😂🤣. Mais dans l’ensemble c’est excellent. Je devais donc attendre tranquillement la décision finale dans un délai d’une semaine…
Je me lève pour regagner la porte, mon interlocuteur me retient et me propose de poursuivre l’échange dans un cadre privé. Notamment au restaurant de l’hôtel qui le loge quand il est à Douala, plus tard à 20h. Ça encore, c’est une proposition qui pouvait passer une fois les résultats proclamés, et si ça venait du (P)DG lui-même. Et bien évidemment à une heure raisonnable.
J’ai à cet instant compris l’étendue des tâches qui me seront assignées si jamais je décrochais le poste. C’est avec courtoisie et fermeté que j’ai décliné l’invitation. J’étais sûre que ma réponse avait balayé tout espoir d’avoir le poste.
J’avais compris que mon appartenance à la minorité allait susciter une plus grande curiosité pour mes patrons. Et parce que je n’étais pas prête à céder, mes chances étaient réduites de trouver un emploi dans cette entreprise et peut-être dans toutes les autres.
C’est vrai en plus, dans les différentes entreprises où j’ai fait un stage, je n’ai vu aucun employé Albinos, aussi loin que je m’en souvienne. J’étais toujours la seule dans l’effectif. Chers employés qui me lisez, regardez autour de vous, et dites-nous en commentaire combien d’albinos font partie de vos effectifs ? Combien d’entreprises au Cameroun comptent au moins un Albinos dans leurs fichiers ?
Et pourtant allez dans des universités, vous trouverez des albinos dans presque toutes les filières. Ils sont pour la plupart brillants dans leur domaine car, l’absence de mélanine n’a aucun impact sur le cognitif.
Et pourtant l’ ARTICLE 39 de la loi N°2010/002 du 13 avril 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées indique que, les personnes handicapées justifiant d’une formation professionnelle ou scolaire bénéficient des mesures préférentielles lors des recrutements aux emplois publics et privés, lorsque le poste est compatible avec leur état. Et les albinos sont comptés dans cette population, du fait de leur déficience cutanée et visuelle.
–
La détermination étant la meilleure arme contre le découragement, je n’ai pas voulu m’apitoyer sur mon sort, je suis restée confiante de mes valeurs et j’ai décidé de me battre de moi-même pour m’affranchir de cette image qu’on voulait m’imposer. ALBINOS, et FEMME, Ces deux Merveilleux hasard de la vie que la société voulait me poser en problème.
Cette même année, j’ai été admise en master QHSE à la faculté des sciences de l’université de Douala.
Papa fonctionnaire retraité n’ayant pas de grandes relations, mama très hypertendue, ma scolarité très élevée… j’entre en phase de dépression car, habitait et grandissait en moi ce désir immense d’aider mes parents qui ont tout donné pour mon éducation. De rendre mama fière et d’alléger la tâche à papa.
Cette année là je n’avais pas vraiment la tête à l’école. J’y allais aussi pour avoir de quoi rendre compte à papa.
Je me tordais d’idées sur comment devenir autonome. J’étais prête à faire tout métier, pourvu qu’il soit descend et rémunérer. Je me suis même proposée d’être ménagère chez une tata au quartier. Je devais m’occuper de ses enfants et de sa maison. Étant la fille unique de ma mère, les tâches ménagères n’étaient pas un souci pour moi.
J’allais travailler le jour et aller à l’école la nuit. Ma mère au courant de ça, s’y est opposée presqu’en larmes en me disant que je ne suis pas faite pour laver le sol des gens. Et pourtant, je lavais son sol chaque matin.
Ce qui nous a valu une longue période de crise.
Elle ne voulait pas comprendre que je voulais travailler pour elle, pour prendre soin d’elle, pour la soigner et la nourrir.
Elle n’avait pas encore compris que rien ne peut m’empêcher d’exercer un métier que les autres font, qu’il n’y a pas de sot métier et qu’aucun métier n’est réservé qu’à une catégorie de personnes, qu’on peut partir du bas pour le haut à condition d’avoir de la détermination.
Mama ne voulait pas comprendre que cette activité allait être pour moi un tremplin le temps de démarrer quelque chose de meilleur et surtout, ne plus avoir à attendre tout d’eux, tout, jusqu’aux protections hygiéniques mensuelles.
Pendant un semestre, j’ai cherché en quoi je pouvais être vraiment utile, et je n’ai eu la réponse qu’en début du second semestre de l’an 2016. Une réponse qui me conduira dans un sentier brûlant : Brûlant d’obstacles, mais surtout, brûlant d’ultra violet.
La suite demain…
Si vous souhaitez apporter votre contribution pour l’accès aux soins de ces femmes albinos atteintes de cancer de la peau ( description https://web.facebook.com/story.php?story_fbid=291438375671786&id=100044168782715)
Vous pouvez contribuer à ce Leetchi ( https://www.leetchi.com/c/aide-aux-albinos-atteints-du-cancer-de-la-peau?utm_source=copylink&utm_medium=social_sharing)
Ou par OM/MOMO (699318735/ 672161570
Ngo Masso Louise Blanche)
Pour plus d’infos, me contacter sur WhatsApp
https://wa.me/message/LVQHYFGBBJRXD1
..
Binku la Nerveuse ( Une blessée de guerre)