J’ai échappé au CANCER DE LA PEAU (suite 2)
Après l’incident d’Avril 2016, j’ai renoué avec les bonnes habitudes pour la santé et sécurité de ma peau. Vêtements longues manches, chapeaux larges bords, parapluies, huile de coco toujours dans mon sac (elle me servait de crème solaire)…
Je m’étais refaite un mental d’acier et j’étais de nouveau prête à affronter le monde dans ma singularité.
Je continuais de faire mes livraisons en journée (en maximisant la protection) et le soir j’allais en cours.
Un matin du mois de novembre 2016, je me réveille à plus de 10h (chose rare),le visage boursouflé, la mine serrée, la tête qui cogne fort.
Sortie de ma chambre pour rejoindre le reste au séjour, à ma vue, chaque habitant de la maisonnée était comme stupéfait. Tout le monde avait les yeux écarquillés, sans mot dire.
Après quelques secondes de silence, ma mère daigna s’exclamer à haute voix : « Tu as quoi au front ? »
Prise de panique, je n’ai pas directement cherché la route du miroir. J’ai levé ma main tout doucement vers le front, et je la passai lentement sur mon visage, comme lorsqu’on veut attraper à mains nues des marmites posées au feu.
Premier obstacle, un gros bouton au niveau du muscle occipito-frontal, Ensuite un second et un troisième.
Ouff… ce n’est rien de grave m’exclamais-je. C’est certaines l’œuvre des moustiques ou un truc que je n’aurais pas dû manger.
M’avançant vers le miroir, alors qu’en fond sonore ma mère me disait de ne pas manipuler ces boutons, sans effort j’ai percé le plus gros des trois et il a jailli du pus et comme de l’eau. Le bouton s’est ouvert et j’ai mis du magnanga.
Au courant de la journée, j’ai percé les deux autres. Je ne sais pas mais, percer les boutons sur mon visage était pour moi une activité jouissive. Ce bruit que font les boutons quand ils éclatent «paff», surtout quand on prend depuis la racine
Cette petite douleur qu’on accueille les yeux fermés, et l’insistance avec laquelle on tient à éliminer tout le contenu croyant pouvoir éjecter le bouton aussi.
En les perçant, j’ai cru en réalité que c’était juste de l’acné qui passera comme les autres. Mais avec le temps, ces petits boutons gagnèrent du terrain.
Ce qui était vu comme un pustule évoluera en moins d’une semaine. La forme, la couleur et l’épaisseur évolueront et deviendront désagréables à la vue et très douloureux au touché. J’étais alors devenue comme une lépreuse du visage.
Durant cette période, mon père déjà retraité n’avait jamais autant dépensé sur moi de toute sa carrière. Nous avons fait dans Douala 4 hôpitaux où les mêmes médicaments onéreux étaient prescrits, sans résultat aucun. La situation faisait la danse Bafia.
À la maison, les tensions silencieuses s’observaient entre les parents. Les deux n’arrivaient plus à se regarder dans les yeux.
La facture pesait sur les épaules de papa, la faute dans les yeux de mama. Elle se reprochait ne m’avoir pas protégée du soleil toute ma vie.
Elle qui s’était donnée pour mission d’être mon bouclier protecteur ad vitam aeternam, elle avait l’impression d’avoir failli à sa mission. Elle craignait surtout le regard moqueur de ceux qui avaient misé qu’elle n’y parviendra pas !
Chaque fois que la sonnerie retentissait, si j’étais au séjour, je me retirais dans ma chambre. Il ne fallait surtout pas qu’on me voit dans cette état.
Moi dont la peau était un motif d’orgueil et de fierté pour mes parents, ils ne devaient surtout pas baisser la face en public.
Mama, chaque matin venait dans ma chambre m’inviter à la prière. Je la voyais pleurer à genoux, le chapelet à la main gauche, me frottant avec délicatesse les pommades au front de la main droite, Implorant pour moi la guérison. Parfois ses larmes étaient endocriniennes, très souvent je les voyais partir de ses yeux pour ses joues.
Elle priait pour moi, et elle pleurait pour moi.
Belle coïncidence, j’écris ce paragraphe en écoutant jouer chez mon voisin « MAMA » de X-Maleya. Et je me joins à eux pour dire à Dieu : « ki ndjè bissaï ha djob u nti mè, ayé mama yem. Maliga to kel i ba to yara, ma telep bé mè i mbom yé, nyambe soho tera mama yem » ( quelles Bénédictions Sgr, elle est ma Mère. En aucun jour je ne l’outragerai ! Ô Seigneur je t’en supplie, veille sur ma mère).
À cette époque, j’avais dans ma vie un homme merveilleux que j’appelais affectueusement « Loulou ». À cause de cette épreuve, je lui garde à jamais une place dans mon cœur. Il a vu de développer ces mélanomes et ne m’a pas lâchée, il ne m’a pas évitée. Au contraire, quand une certaine heure me trouvait chez lui, il prenait plaisir à me passer la crème sur mes plaques béantes et coulantes. Il m’a également apporté une bonne assistance financière durant cette épreuve. Son amour et sa présence étaient en partie les motifs qui me maintenaient debout et confiante.
Malgré mon mal, je poursuivais mes études. Le soir j’allais à l’école, bandée du front ou coiffée de coupes chinoise. Je m’efforçais à garder le rythme même comme ce n’était pas facile. Parfois pendant le cours mon front me démangeait et me picotait tellement que je sortais et me refugierais dans un coin sombre, je détachais mon bandeau, pour ventiler et laisser respirer mes plaies un moment avant de retourner en salle. (À droite de l’image, c’est moi un soir au tableau, souffrant de résoudre un exercice avec mon front malade. Personne d’autre que mon camarade qui a filmé ne se doutait de ce qui bouillonnait en et sur moi)
À un mois de maladie, j’ai fait un rêve étrange, où je me trouvais à Log-Mbon, au village de ma mère, dans la cuisine de ma grand-mère. Je note que je ne l’ai pas vraiment connue car partie quand j’étais bébé. Elle est décédée d’un cancer.
Dans sa cuisine, nous jouions au Ludo rien que elle et moi. Et j’étais prise au piège avec mon dernier pion qu’il me restait à délivrer.
Quand vint mon tour de lancer le dé, c’est le chiffre 5 qui apparaîtra. Hésitante quant-au chemin à choisir, ma grand-mère me dit « prends le chemin que tu n’as pas encore explorée ». Elle me le répéta 5fois et la 5e fois j’ouvris les yeux…
Ce Songe était tellement vraisemblable.
Que voulait-elle me dire mbombo Lucia (mon homonyme) ? De quel chemin parlait-elle ? À quoi faisait-elle référence ?… ?
Tant de questions qui me taraudaient l’esprit au réveil et dont je me suis attelée à trouver une réponse dans la suite….
À gauche de l’image, le cas d’une des patientes atteintes de cancer de la peau., ses mélanomes superficiels extensifs auraient envahi les ganglions à proximité du cerveau. Son traitement nécessitera des interventions chirurgicales pour retirer les ganglions sentinelles, l’ensemble des ganglions lymphatiques de voisinage, et d’éventuelles métastases.
Et en plus de la chirurgie, la chimiothérapie.
Elle n’a pas un père encore capable de réunir les ressources nécessaires, peut-être plus une mère pour pleurer et prier pour elle, un compagnon pour l’accompagner dans cette épreuve, ou encore des ancêtres pour lui parler en songe…
Elle m’a juste moi, une inconnue qui l’a croisée dans une salle d’attente, et moi je vous ai vous, mes chers amis virtuels, vers qui je me tourne une fois de plus afin qu’ensemble, nous puissions offrir un jour peut-être le sourire à cette jeune femme.
Par OM et MOMO 699318735/ 672161570 (Ngo Masso Louise Blanche)
Binkù la Nerveuse ( la suite et fin au courant de la semaine)
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