
Un regret indélébile (Suite)
Diane était posée dans son container quand elle vit de loin Léon arriver. Aussitôt, elle sortie et se dirigea vers lui. Léon semblait très inquiet. Il transpirait alors qu’il s’est déplacé en taxi. Il avait les mains moites et le visage pâle
Diane- (s’adressant à Léon) hey mon petit, je t’ai vu arriver de loin. Ça va?
Leon- (déconcerté) grande sœur il faut que tu saches…
Diane- (d’une voix tremblante) quoi? Tu as un problème ?
Léon- Non non pas moi
Diane- c’est qui alors? Brice? Hum depuis quelques jours je fais des rêves bizarres où il est la cause de mes tourments. Dans mes rêves, il me frappe et m’abandonne à l’hôpital… Je ne sais pas ce qui m’arrive…
Léon- (embarrassé) Diane il faut que tu l’accompagnes, s’il te plait. Fais-le sans poser de question s’il te plait, car je ne saurais quoi te dire.
Diane- (prise de panique, se frottant les mains contre ses cuisses) heee ki i nkèbé? Ki i nkèbé ni Brichou? ( en bassa que se passe-t-il ? Que se passe-t-il avec Brichou?)
Elle alla fermer son container. Mais elle ne le ferma pas complètement, elle n’y joindra pas les cadenas. Sans changer de vêtements, elle ressortit en sans-confiance et son tablier était resté accroché à son kabas.
Ils partirent…
Dans le taxi.
Diane, plongée dans l’angoisse, se mit à couler des larmes. Se tournant vers Léon qui fuyait son regard, elle dit:
Diane- sa vie est en danger?
Léon- je ne pense pas
Diane- mais que se passe-t-il alors?
Léon- s’il le plait grande soeur, ne me pose pas de question. Allons seulement.
Arrivé à destination, le taxi gara à quelques mètres du domicile des parents de Sandrine.
L’extérieur était nuptialement décoré, les voitures bien rangées.
L’une d’elle était très remarquable: une voiture rouge ornée de fleurs blanches, c’était la voiture des mariés.
Quand Diane vit cette voiture, son sang ne fit qu’un tour. Léon la tenait par la main, mais plus ils avançaient, plus ses pas s’alourdissaient.
Plus ils avançaient, plus son cœur s’atrophiait.
Plus ils avançaient, plus fort elle le griffait…
Au portail, on pouvait déjà entendre les cris des invités
Des voix qui clamaient « vive les mariés »
Un DJ qui invitait la foule à se lever
Pour qu’ensemble ils puissent lancer les hostilités
Au fond d’elle Diane avait une idée de ce qui se tramait,
Mais elle refusait de se l’avouer.
Elle voulait s’imaginer en train de rêver,
Elle croyait qu’une belle surprise l’y attendait.
Mais l’espoir qu’elle entretenait
N’empêchait pas ses larmes de couler
Parce que ces larmes du plus profond venaient
Et certaines réactions corporelles ne peuvent être maîtrisées.
À l’entrée se trouvait un vigile qui les laissa passer à la demande de Léon.
Vestimentairement parlant, Diane était l’intruse. Pendant que toutes les femmes étaient perchées sur des talons et dans des vêtements lumineux, elle avait son accoutrement du marché. Elle avançait lentement et semblait essoufflée. C’était en fait son coeur qui avait pris des kilos.
De loin, elle vit Brice, son Brichou tenu sur l’estrade aux côtés d’une femme. Tous deux vêtus de rouge&blanc. Ils se tenaient mains dans la main et semblaient très amoureux.
Diane- (à Léon) eyyy Léon eeyyyy c’est quoi ça ? Il se marie? Comment? Léon attends un peu, attends… (Elle attrapa sa tête de ses deux mains). Eehh a Djob ki mèyé tèhè? (Seigneur que vois-je ?) Brice se marie… Eeeyyy mon Dieuuu
Ses gestes attiraient l’attention et ça murmurait dans la salle. Léon essayait de la calmer du mieux qu’il pouvait, et dans son chagrin, elle se réfugiait dans les bras de Léon.
La mère de Brice intima l’ordre au vigile de la faire sortir, soit disant elle faisait tache à la cérémonie.
Quand il vint la saisir, Léon essayait de l’accompagner, mais sa mère l’interpella Léon za mou (En ewondo Léon passe ici).
Et pendant que le vigile la traînait jusqu’au portail, elle jeta un regard en arrière, et croisa celui de Brice. Un regard mêlé de pitié et de froideur. Il la regardait avec son épouse dans les bras. Ils la regardaient tous deux enlassés l’un à l’autre.
Diane fut expulsée comme une malpropre, et le portail se referma derrière elle.
Elle semblait perdue. Elle resta debout pendant prêt de 5min, tournée vers le portail.
Elle était debout comme un piqué
Tout était si vite passé
Devant ses yeux, toute sa vie a défilé
Toutes les épreuves endurées
Les supplications et prières à Dieu adressées, pour que son homme soit élevé
Les nuits passées à ses côtés
À pofiner avec lui leurs projets
Ces moments de crises qu’avec force ils ont bravés
Ces moments de joie qui semblaient pourtant les rapprocher
Elle vit défiler en 5minutes, quatre années
Quatre années dont l’espoir était le bouclier
Elle pensait à ces hommes qu’elle a rabroués au nom de son bien-aimé
Elle préférait vivre un amour saint dans la pauvreté
Elle aimait se lever très tôt pour aller bosser, afin d’aider cet homme à concrétiser ses idées
Parce qu’elle avait espoir d’être un jour sa confirmée
En 5min, ses glandes sudoripares s’étaient fortement activées
Larmes et sueurs sur son tablier coulaient
Elle était profondément attristée
En fait, elle avait l’impression de ne plus exister.
Le taximan qui les a accompagnés avait l’instruction de la ramener, avec ou sans Léon. Il s’approcha d’elle pour la tenir, parce qu’elle semblait progressivement manquer d’équilibre.
Il la ramènera dans le véhicule, pendant qu’elle pleurait en silence. Elle n’ouvrait pas la bouche car, cette douleur venait de ses entrailles. Le petit trajet qu’ils empruntèrent jusqu’au taxi était pour elle comme un chemin de croix. Elle prit appui sur le taximan comme si on lui infligeait des coups. Durant ce pénible trajet, la babouche gauche se délia, son pied s’inclina et ses orteils se heurtaient au sable et cailloux… Le taximan, ne sachant pas quoi dire, l’accompagnait en silence. Cette scène se produisait sous le regard silencieux du voisinage qui pour la plupart a assisté à son expulsion.
Une fois dans le taxi, il la fit installer à l’avant, prit le pied défaillant de sa babouche, et y apporta une correction.
Dianne avait les yeux rivés vers le portail qui était resté fermé, comme si elle lisait un texte.
Plus le taxi roulait, plus elle inclinait sa tête pour fixer le portail… Jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ visuel.
Durant tout le trajet, il régnait un silence de cimetière dans le véhicule. On pouvait à peine entendre les sourds mouvements de la poitrine de Diane, mouvements dû à sa respiration profonde. On ressentait qu’elle allait puiser l’air très loin.
Arrivés au domicile de Diane, elle ouvrit la portière et sortit sans mot dire. Elle entra dans leur maison et trouva sa mère allongée, récemment victime d’une crise d’hypertension artérielle. Diane n’eut pas le courage d’aller vers sa mère, parce que cette dernière ne cessait de la mettre en garde contre ce trop plein d’amour. Sa mère n’approuvait pas que Diane ne voit qu’un seul homme. Elle a toujours conseillé à sa fille de ne pas repousser les avances d’autres hommes, et surtout, de ne pas autant investir et s’investir dans la vie de Brice.
Elle avait honte d’en parler à sa mère, et préférait se réfugier dans sa chambre.
Mais la voix du sang étant plus forte que la voix du silence, Edwige (la mère de Diane) ressentit que quelque chose n’allait pas. Elle la suivit dans sa chambre et trouva sa fille assise à même le sol, les larmes aux yeux, et autour d’elle, plusieurs babioles.
Edwige- ah oo’o ki i nkèbé? (Ah oo’o, que se passe-t-il ?)
Diane- mama mè wôh (mama je suis foutue). Mama a mbon mè djo (mama il m’a fait ça).
Edwige- ki? Ndjè?? (Quoi?qui?)
Diane- mama Brice s’est marié mama. Mama il m’a laissée tomber comme une vieille chaussette. Qu’est-ce j’ai fait à ce gars pour qu’il en vienne à me détester?
Edwige était abasourdie. Elle s’assied auprès de sa fille, sans la prendre dans ses bras, elle ne savait pas quelle attitude adopter.
Diane- (pris un vieux pied de chaussure) mama, il a balayé nos souvenirs d’un trait, lui qui m’avait promis ne jamais oublier ce jour. Le 9mars d’il y’a 4ans, le jour où s’est rencontré. Je retrais du marché et j’ai pris le raccourci. Le chemin que j’avais emprunté était très boueux et ma ballerine s’est décollée. Il venait derrière moi et apparemment il avait le même problème. Comme la route était loin, on n’avait pas d’autre choix que de trainer nos chaussures dans la boue. Mais il s’en est lassé et a retiré ses chaussures. J’ai suivi, puisqu’il paraissait plus à l’aise comme ça, et je n’ai pas eu tort. Mama nous avons marché dans la boue ce jour en riant, on ne gérait pas regards des autres. Quand il fallait sauter une flaque d’eau, il me tenait par la main et on avançait. Il a oublié ça mama?
Mama regarde ce nounours, c’est ici que je gardais mes économies. Parfois je prenais dans nos bénéfices pour l’aider à constituer ses dossiers mama. Quand tu m’accusais d’avoir volé ton argent, c’était vrai et c’était pour une cause que j’estimais juste mama. Je savais que quand il trouvera un emploi, il m’aidera à te rembourser tout ce que je te dérobais.
Mama voici la robe que j’avais portée la première fois qu’il m’a invitée dans un restaurant, parce qu’il avait gagné une petite affaire. Ce jour j’étais tellement gênée parce que je ne savais pas me servir du couteau. Il a déposé sa fourchette et son couteau et il a commencé à manger avec les mains et je l’ai suivi. On s’en foutait de tous ceux qui nous regardaient.
Mama ça c’est le brouillon de la première intention de messe que j’ai inscrite en son honneur pour qu’il trouve du travail. Nous avions fait la messe ce jour et pendant la consécration, nous nous sommes mis à genoux tous les deux et nous avons adressé nos prières à Dieu….
Mama si je t’avais écoutée, peut-être que je serais heureuse avec un autre. Mamaaaa mè wôh ooo mè wôh…
Edwige, baignée de larmes, prit sa fille dans ses bras et essayait de la calmer…
Entre temps, son petit frère fit une entrée agitée. Essoufflé, il fit une annonce fracassante à la famille.
…
Binkù la Nerveuse (la suite ICI)
1 Commentaire
PLease la suite 😇😇